Biennale de Saint-Maur 2017

Jusqu’au 26 novembre 2017 à la Villa Médicis de Saint-Maur.

Le thème de la huitième biennale, « Lumières », étant très large, a attiré de nombreux artistes, dont près de quarante pour cent d’étrangers ou vivant à l‘étranger. Parmi les trente-cinq retenus, plusieurs nous étaient déjà connus, puisque, par exemple, le second prix a été attribué à Ariane Fruit, lauréate GRAViX 2017.

Mathilde Seguin, « Pas portrait de famille Jeanne GR et Angélique »,
linogravure, 30,2 cm x 71,1 cm, 2016

Il est toujours intéressant de voir des travaux nouveaux d’un artiste que l’on suit depuis plusieurs années. C’est le cas pour les portraits qui restent saisissants de Christine Gendre-Bergère, les aquatintes très fortes de Sylvie Abélanet, les mystérieuses pointes-sèches de Jeanne Clauteaux-Rebillaud, les architectures précises de Léon Garreaud de Mainvilliers, les évocations diaphanes de Mikio Watanabé, les linogravures colorées à la planche perdue de Lise Follier-Morales, les aquatintes sensibles de Charles-Henri Delprat.

L’exposition permet aussi de retrouver des artistes perdus de vue sans raison, comme Mathilde Seguin et Edith Schmid. Et, surtout, d’y faire d’heureuses découvertes : Paruo, Karol Pomykala, JanVicar, Cécile Gissot, Wendelien Schonfeld, sans oublier le premier prix décerné à Baptiste Fompeyrine.

Baptiste Fompeyrine, « L’arrivée de Magellan »,
eau-forte, aquatinte et burin sur zinc, 35,4 cm x 49,7 cm,  2017

Christine Moissinac

Salon d’automne 2017

Pénétrer dans la section gravure est un vrai plaisir : elle est à la fois grande, cinq espaces bien délimités, et homogènes, chaque œuvre y a trouvé sa place sans nuire à sa voisine. L’ensemble crée une atmosphère de travail, de passion, d’intimité aussi. Et pourtant, ils ont été quatre-vingt onze artistes invités par des organisateurs dévoués, Caude-Jean Darmon en premier lieu, qu’il nous faut remercier.

Jean Lodge, « near the top, Frost » 2017

Impossible de citer tous les artistes mais en voici juste un trop modeste aperçu. Tout d’abord la lauréate du Salon d’automne de l’année dernière, Charlotte Massip, plusieurs fois nominée pour le prix GRAViX, dont nous aimons les figures, « disséqués », étranges et grandes femmes mythiques. Avec comme thème récurrent, les étranges transformations des corps, les greffes inattendues, les détails accumulés, et, dessinant sans le dire, des sortes d’autoportraits décalés mais toujours émouvants. Usant de techniques mixtes eau-forte, photogravure, vernis mou et rehaut d’aquarelle À voir et revoir dans une prochaine exposition : « États d’âme encrés », église Saint-Rémi, 4 rue Jouannet, à Bordeaux, du 13 au 25 décembre 2017. Nous avons aussi beaucoup aimé le mystérieux portrait de Jean Lodge.

France Dumas, « Michèle chez Arte »,
eau-forte, aquatinte, 2015, 32 cm x 20 cm

Comme la scène d’atelier de France Dumas, entre réalisme, précision et poésie, la délicatesse des abstractions de Brigitte Pazot et la rigueur sans faille de l’écriture géométrique d’Isabel Mouttet. Évoquons aussi l’œuvre, très forte, de Pascal Hemery,  l’émouvante et impressionnante estampe de Safet Zec sur le thème de l’étreinte et la poétique interprétation de Sylvie Abélanet de « La quête des oiseaux » à partir d’un texte du poète soufi du XII° siècle : Farid od-Dîn Attar.

Isabel Mouttet, « Mémoires II, III, IV », triptyque, burin, 50 cm x 100 cm

Christine Moissinac

Verdigris

Vingt ans d’édition
livres d’artiste et gravures en manière noire

Vue de l’exposition (Cl. Mark Lintott)

Voilà vingt ans en effet, en 1997, que la nigromaniériste Judith Rothchild a associé son talent graphique à l’art typographique développé par l’ingénieur Mark Lintott pour fonder les Éditions Verdigris destinées au livre d’artiste. Une belle exposition impeccablement présentée dans un cadre lumineux rend compte de leur activité considérable, certainement encouragée par la tranquillité que propose un village de province, Octon, entre Montpellier et Lodève, au milieu d’un beau paysage aux bruns rouges très particuliers. La manifestation se tient plus précisément au « Village des Arts et Métiers », bâti de neuf au Hameau de Ricazouls, à trois minutes d’Octon ; y sont regroupés plusieurs ateliers, dont celui de Mark Lintott avec ses presses typographiques et celui de la graveure Joan Beall.

L’exposition, initialement prévue du 10 septembre au 5 novembre 2017, est prolongée jusqu’au 19 novembre. Elle est ouverte les samedis et dimanches de 14h à 18h. Visite de l’atelier les dimanches, et sur rendez-vous : verdigris@aliceadsl.fr. Différentes animations sont également proposées, notamment des rencontres avec des auteurs et des éditeurs.

Une autre vue de l’exposition (Cl. Mark Lintott)

On recommandera aux amateurs d’estampes de faire un détour par Lodève, aimable sous-préfecture de l’Hérault, où se tient également une magnifique exposition, Impressions fortes, l’estampe en 100 chefs-d’œuvre prêtés par la Fondation William Cuendet et Atelier de Saint-Prex (jusqu’au 5 novembre).

Maxime Préaud