Les Vedute de J3M

La naissance d’un catalogue raisonné est un événement majeur pour un artiste, car témoignage, pour lui-même et bien sûr les archéologues du futur, de son travail créatif, dans sa plénitude et sa richesse, dans sa chronologie et son évolution, pour son immortalité même, mais surtout, à mon sens, pour le chercheur d’art que chacun peut être, dans la découverte et la compréhension d’une démarche artistique. C’est essentiel !

Il s’agit ici de « Vedute », de Jean-Michel Mathieux-Marie, que certains appellent J3M. Précisons que Jean-Michel, diplômé en 1972 de l’École nationale supérieure des Beaux-arts de Paris – section architecture -, s’est initié à la gravure auprès Jean Delpech (1916-1988), premier grand prix de Rome de taille-douce (1948), et a été boursier de la Ville de Paris à la Casa Velasquez de Madrid en 1983. Un parcours créatif fertile en estampes originales et illustrations de bibliophilie, une présence marquante en expositions personnelles et collectives, ponctuée de prix prestigieux, le conduisant aujourd’hui à être président d’honneur de « Pointe & Burin », association qu’il dirigea de 2010 à 2021, membre du Comité de la « Fondation Taylor » et membre des « Peintres-graveurs français ». Continuer la lecture de « Les Vedute de J3M »

Les fenêtres qui parlent…

Gravures de Shevek aux fenêtres (Cl. Manon Guy Rechimbeaud)

Du 27 avril au 1er juin 2025, une exposition d’art imprimé visible à tout moment depuis l’espace public a investi les fenêtres, les vitrines de boutiques inoccupées et les murs. Cosne-sur-Loire et Châteauneuf-val-de-Bargis ont accueillis sur leurs murs et leurs fenêtres les œuvres originales de nombreux artistes amateur et professionnels. Cette première est due à l’engagement et la détermination de deux associations castelneuviennes : Silex Ink et l’Attribut qui ont organisé avec brio « Les fenêtres qui parlent pendant la fête de l’estampe ». Elles ont également invité les habitants de ces deux communes à participer à cet événement en prêtant leurs fenêtres et leurs murs ou en créant des images lors d’ateliers ouverts à tous.

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Estampe : art ou métier ?

Il est un travers bien français : la manie réglementaire administrative d’État. Une chose n’existe que si on l’a réglementairement nommée. La chose devient alors certaine. Quant à l’innommée, elle reste dans les limbes de l’inexistence. Ce travers d’antiques origines perdure aujourd’hui. La Fête de l’estampe célèbre l’anniversaire de l’arrêt dit « de Saint-Jean-de-Luz », rendu en Conseil d’État le 26 mai 1660 grâce au mémoire introduit par Nanteuil. Cet arrêt a fait échapper1 l’estampe et ceux qui la pratiquent à l’emprise des corporations de métiers. Par cet arrêt, le Roy déclarait maintenir tous ceux qui font profession de l’art de la gravure « en la liberté qu’ils ont toujours eue de l’exercer dans le Royaume, sans qu’ils puissent être réduits en Maîtrise ni corps de métier, ni sujets à autre règle ni contrôle. » N’étant par cet arrêt ni ici ni là; ni dans les Beaux-Arts, monopole des Académies, ni dans les métiers, monopole des corporations, l’estampe pouvaient donc jouir d’un bel espace de liberté. Toutefois, l’estampe entrait ainsi dans la convoitise de ces deux puissances : les Beaux-Arts ou les métiers dont on avait ignoré les monopoles. Elles allaient alors se disputer leur souveraineté sur cette belle innommée qui avait esquivé de peu la nomenclature de l’État. Continuer la lecture de « Estampe : art ou métier ? »