Catalogues virtuels

La page d’accès au catalogue virtuel (Cl. Salon des artistes français)

Les restrictions sanitaires dues à la pandémie chamboulent la tenue des expositions, biennales, triennales,, etc. qui rythment la vie artistique et culturelle. Nombre d’entre elles ont été simplement annulées ou reprogrammées, voire annulées et reprogrammées pour la seconde fois au gré épuisant des soubresauts de l’épidémie. Aussi, pour garder un lien avec le public, ces évènements proposent-t-ils souvent un accès gratuit à un catalogue virtuel. Ce fut le cas du Salon d’automne (catalogue virtuel décrit dans l’article « Petite odyssée » du 23 janvier 2021). Le salon de la Société des artistes français a suivi cette voie et il a ouvert le sien à la place de ses assises traditionnelles sous la verrière du Grand-Palais à Paris qui a vue son édition 2021 regroupée dans Art capital  annulée lui aussi pour cause de pandémie.

Un extrait du catalogue du Salon des artistes français
« Flandres », gypsogravure de Bernabé Del Castillo

(Cl. Salon des artistes français)

Le catalogue de la section gravure, préfacée par son président Guy Braun, comprend  plus d’une quarantaine de pages. Sur chacune de celles-ci, les quarante-quatre exposants, sélectionnés par le jury de la section gravure, présentent chacun une de leurs estampes. La reproduction de celle-ci, en pleine page et de bonne qualité, permet d’en admirer tous les détails. Elle est accompagnée  de la mention des dimensions de l’originale. Ainsi, ce catalogue contribue à se faire une idée de ce qu’aurait pu être l’accrochage de cette édition 2021 et du travail de chacun des stampassins pressentis. On peut le télécharger au format Pdf  ici.

Claude Bureau

 

Une collection s’expose

Une vue de l’exposition (Cl. Gallix)

« Animaux et Graveurs / Gravures de collection »
Exposition d’estampes
23 janvier au 15 avril 2921
Gallix
5 rue Pierre Sémard 75009 Paris

« Nos amies les bêtes / Nos amis les graveurs », ainsi, naïvement, pourrait s’intituler l’exposition présentée par Bertrand Renaudineau et Laurence Paton dans l’espace annexe des bureaux de la société Gallix, bien connue par ailleurs pour la remarquable suite de films sur l’estampe qu’elle réalise et produit (cf. mon article « Gallix, des films sur l’estampe », Arts et Métiers du livre n° 339 – juillet-août 2020 –, p. 39-45). Mais c’est sous le titre plus sérieux d’« Animaux et Graveurs / Gravures de collection », que s’est ouverte le samedi 23 janvier 2021 et ce jusqu’au samedi 6 février inclus cette manifestation installée dans le local qui a naguère abrité momentanément l’association Manifestampe. Toutes les pièces sont tirées de la collection de Gallix, et témoignent d’un goût éclectique qui s’étend alphabétiquement de Ash à Velly, chronologiquement de Max Klinger à Pablo Flaiszman et zoologiquement avec une prédilection (des artistes ou des collectionneurs, la question est ouverte) pour l’âne, star incontestée de l’exposition.

« Le massacre de la rue Transnonain » d’Honoré Daumier
(Cl. Congress Library)

En même temps Gallix présentera le dernier film de la série Impressions fortes : « Le massacre de la rue Transnonain » 1 d’Honoré Daumier, film de 47 minutes réalisé en vidéo HD par Bertrand Reneaudineau et Gérard-Émmanuel da Silva, et la lithographie de Quentin Préaud : « En attendant le grand soir », composée pour cette occasion.

« En attendant le grand soir » de Quentin Préaud (Cl. Gallix)

Le port du masque est obligatoire. Pour respecter la distanciation en vigueur, le nombre de visiteurs sera limité et nous pouvons être amenés à vous demander de patienter. Ensuite, les visites auront lieu du mardi au samedi de 14h à 18h. Si vous le désirez, vous pouvez prendre rendez-vous par mail ou téléphone avec Bertrand Renaudineau (06 08 92 19 05)

Maxime Préaud

1 Célèbre lithographie d’Honoré Daumier. À la suite de l’insurrection parisienne des 13 et 14 avril 1834, les occupants du 12, rue Transnonain (située à l’angle de l’actuelle rue Beaubourg et de la rue de Montmorency) sont massacrés par la troupe en représailles d’un coup de feu qui aurait été tiré d’une maison voisine sur un officier. Publiée dans la presse et exposée, la lithographie de Daumier, qui entend témoigner et protester contre cette sanglante répression, donne un immense retentissement à l’événement et constitue un sommet dans l’art d’Honoré Daumier.

Petite odyssée

« Reci » de Jérémie Salomon, rizographie (Cl. Galerie Jahidi)

Toujours en quête d’estampes à regarder, par les temps moroses que nous traversons, le réseau Internet, malgré les réticences et les précautions exprimées dans mon précédent écho, présente pour cela quelques ressources à ne pas négliger. Armé du fouet d’Indiana Jones et de la ruse d’Ulysse, il est vivement conseillé d’entreprendre une telle navigation afin d’emplir les longues soirées d’hiver pendant le deuxième couvre-feu.

Le site de Manifestampe offre, dans la liste de ses membres qui ont adhéré à la fédération, plus de cinq cents môles d’embarquement vers des sites dédiés à l’estampe. Ici, le navigateur novice se trouve confronté à l’embarras de choix délicats car, quelquefois, le début du voyage le mène vers quelques liens brisés ou bien vers la fatidique erreur 404 (la page que vous demandez n’est pas disponible…), tous récifs redoutés des marins chevronnés. Malgré ces aléas peu nombreux, dus à un défaut de mise à jour par le propriétaire négligent du môle, une petite odyssée bien choisie s’avère passionnante et capable de peupler la tête de nombreux imagos de belle estampe.

Dans le livre de bord de ce périple, on peut signaler quelques pages qui offrent sans parcimonie de quoi rassasier les regards. Celles ouvertes par les galeries sont les plus abondantes d’imagos toujours traités avec le respect qui se doit. En voici quatre d’entre elles avec, en bonus, une bouteille jetée à la mer.

La plus vénérable mais néanmoins très active a été fondée en 1881. Dénommée maintenant Galerie Sagot-Le Garrec, elle est dirigée par Nicolas Romand. Sise au quartier Latin à Paris, elle possède un fonds très important d’estampes patrimoniales, modernes et contemporaines dont la visite vaut, comme on écrit dans le guide pneumatique, le détour.

« Blés primitifs en Velay » d’André Jacquemin
(Cl. Galerie Sagot-Le Garrec)

Une parmi les plus jeunes galeries a été ouverte en 2012 par Ghizlaine Jahidi, qu’elle a dénommée simplement Galerie Jahidi. Celle-ci s’attache à promouvoir de jeunes artistes stampassins qui se lancent dans l’exploration, hors des sentiers battus, de ce médium qu’est l’estampe. Quand on y accoste, on se réserve bien des surprises.

La troisième, plus pluridisciplinaire, consacre une large part de son fonds à l’estampe et aux livres d’artiste que l’on peut découvrir sur son stand au Salon Page(s) quand il reprendra sa course. Dirigée par Évelyne Schumm-Braunstein, cette galerie éponyme promeut des artistes qui ne sont pas stampassins première langue. Ainsi, perçoit-on ici les différentes facettes expressives dont usent certains que l’on connaissait seulement comme stampassines ou stampassins. Une escale à partir de ce môle s’impose.

« Nudo » de María Chíllon, burin (Cl. Galerie Schumm-Braunstein)

Hasard des fortunes de mer, une galerie d’outre-Atlantique et même d’outre-Pacifique mérite plus qu’un détour. Il s’agit de The Annex Galleries, étatsunienne fondée il y a cinquante ans en Californie. Dotée d’un fonds considérable, elle se consacre aux estampes du monde entier et du XIXe, XXe et XXIe siècles avec une prédominance pour son fonds américain. Chaque estampe répertoriée dans ses pages, en deux formats d’imago, bénéficie d’une notice circonstanciée et exhaustive et pour de nombreux artistes d’une courte biographie. On peut appeler sur nos écrans ces estampes par technique, par artiste ou par continent. Une escale qu’il faut garder précieusement dans la mémoire de nos portulans.

Enfin, comment ne pas conclure sur la bouteille à la mer qui vient de s’échouer sur la plage de nos écrans. Celle de l’exposition virtuelle du Salon d’automne 2020 qui devait se tenir les 17 et 18 octobre 2020 et qui a été annulé à cause de Confinement II. Dans sa section Gravure, on peut y admirer un imago de chacun des trente-six exposants ainsi que celui d’un hommage à Jacques Houplain (1920-2020). Mais il vaut mieux pour y naviguer se munir d’une embarcation du dernier cri, reliée à un réseau qui ne soit pas cacochyme. Bon vent alors dans toutes ces odyssées stampassines où il est nécessaire de bien choisir ses cartes afin de tracer ses propres routes dont celle publiée ici veut rester un simple choix personnel parmi toutes les possibles.

Claude Bureau