Sergio Birga

Sergio Birga, Le Technocrate, linogravure, 1961, 190 x 120 mm
(Cl. Laurence Paton)

« Sergio Birga -De l’étrangeté du monde »
Xylographies et eaux-fortes
Galerie Saphir, 69 rue du Temple 75003 Paris
10décembre 2024 au 12 janvier 2025
tous les jours de13h à 19h

Regarder les gravures de Sergio Birga (1940-2021), exposées avec quelques peintures à la galerie Saphir à l’occasion de la sortie du catalogue raisonné « Estampes »1 de son œuvre, donne l’occasion de se replonger dans l’histoire récente, pré et post-soixante-huitarde, notamment de Paris. Quitte à inventer des récits et prendre des libertés avec la chronologie : ce technocrate à la mine carnassière linogravé par l’artiste n’est-il pas en train de planifier, avec plus de dix ans d’avance, la destruction des Halles, et leur remplacement par un univers désespérément bétonné ? Le militaire bardé de cicatrices et de décorations qui complète ce diptyque (« Technocrate et Militaire », 1961, linogravures, 190 x 120 mm chacune) ne va-t-il pas faire donner la troupe pour écraser jusqu’au dernier les opposants à ce projet et rétablir l’ordre ? Sous la gouge ou le ciseau de l’artiste, resurgit dans sa force et son bouillonnement toute une époque. Continuer la lecture de « Sergio Birga »

Christiane Vielle

« Identification n° II », Christiane Vielle, aquatinte 1986
(Cl. Laurence Paton)

« De la forme en mouvement à l’expression du signe »
Exposition 13 mars au 6 avril et 24 avril au 4 mai 2024
Galerie Anaphora 13 rue Maître Albert 75005 Paris,

Sur le mur de droite, un imposant bloc noir aux allures de paquebot nous accueille. Ce bâtiment qui , fendant des flots blancs, nous invite à le suivre dans son sillage entre mer et ciel , c’est « Identification n° II », une aquatinte de 1986. Lames de fond et nuages, aile et élan : comme l’indique le titre de l’exposition, l’œuvre abstraite de Christiane Vielle est tout en mouvement, et on devine le geste ample de l’artiste maniant la brosse, ou le pinceau lorsqu’il s’agit des monotypes, sur la plaque de cuivre. Les noirs profonds et presque transparents à force d’avoir été grattés au brunissoir ou à la toile émeri, dialoguent avec les blancs légers pour nous emmener en une sorte de promenade vers l’infini dans des « Jardins possibles » étincelants d’eau ou de neige, des lagunes ou des déserts minéraux à la composition virtuose qui fait s’entrechoquer des mondes.

« Jardins possibles », Christiane Vielle (Cl. Laurence Paton)

« Hypothèse sur nature », Christiane Vielle,
aquatinte, roulage, monotype chine collé, 2012 (Cl. Laurence Paton)

La graveure, qui a accompagné de ses images nombre de textes et de poèmes, aime aussi jouer avec les couleurs et les papiers collés comme le montre sa série Le chant des choses ou « Hypothèse sur nature ». Près de cinquante estampes sont exposées qui nous font entrevoir « tout un monde lointain », pour reprendre le titre d’une des toutes récentes séries d’aquatintes (2023) créées par Christiane Vielle.

Laurence Paton

Au fil du temps…

« Afflux », burin (Cl. L. Paton)

« Au fil du temps : regards croisés »
Catherine Gillet, gravures et dessins
2 au 25 novembre 2023
Fondation Taylor, 1, rue La Bruyère, 75009 Paris

Dans les beaux locaux de la Fondation Taylor qui viennent de faire peau neuve, la buriniste Catherine Gillet nous accueille avec une planche énigmatique toute en douceur et en rondeur intitulée «  Nouveau monde ». Puis on retrouve ces blocs noirs striés qui lui sont chers, comme en suspension dans l’espace blanc de la page. On ne sait pas si ce sont les roches qui coulent ou le monde qui pleure. Mais on cesse bientôt de s’interroger, emporté par les mille surprises fines et scintillantes d’un burin à la fois délicat et profond qui sait inscrire en traits lumineux ce « Vivre pourtant » qu’Éluard appelait « le dur désir de durer ».

« Vivre pourtant », graphite et pierre noire (Cl. L. Paton)

Des dessins grands formats effectués au graphite et à la pierre noire et où la matière s’enroule, à de ravissantes miniatures gravées (En chemin) , nous allons de découvertes en découvertes. Jusqu’à ces « Afflux » par lesquels la buriniste nous livre sa vision légère et étincelante d’un jardin zen .

« Afflux » (détail), burin (Cl. L. Paton)

Ne manquez pas au 4ème étage l’exposition « La Taille & le Crayon », estampes et dessins évoquant des espèces en voie d’apparition à partir d’un texte de Raphaël Saint-Rémy.

Laurence Paton