Morsure

Louise Gros, commissaire de l’exposition « Morsure#4 »
devant « Papier mineur » installation de « One Ink » d’après la gravure sur bois de Blandine Delvart et Johan Vaurs (Cl. Violaine Fayolle)

« Morsure#4 »
Archipel 1 rue des Îles 29170 Fouesnant les Glénan
5 octobre au 21 décembre 2024
www.archipel.ville-fouesnant.fr

Comment l’autre m’emmène plus loin

Samedi 5 octobre 2024 s’est ouverte la quatrième édition de « Morsure », exposition qui réunit des artistes des arts imprimés. L’Archipel de Fouesnant a confié le commissariat à Louise Gros, artiste imprimeuse attirée par la création collaborative, qui a fait le choix de présenter des artistes eux-mêmes embarqués dans une aventure avec d’autres artistes, du plasticien au metteur en scène, du danseur au scénographe, du cinéaste au scénariste, de la relieuse ou de la céramiste à l’informaticien.

De ces recherches à plusieurs paires de mains, de nombreuses formes jaillissent. À la gravure sur bois s’ajoutent le fil et le volume dans le travail mené par Amélie Videgrain et Myriam Hequet dans « Stellation ». Les estampes fabriquent du passé dans la collaboration entre Ioannis Anastasiou et Majka Dokudowicz, dans les livres d’artistes « Faded Future Archive » et « Contain yourself, Sir ! »La xylographie expressionniste d’Olivier Deprez fusionne avec le trait d’Adolpho Avril pour des formes comme la bande dessinée et le film cinématographique avec « Après la mort après la vie. Le testament du Docteur A ». Avec Roby Comblain, les deux écritures s’entremêlent dans la revue « Holz ». L’ingénieur informaticien Grégoire Henry vient jouer du codage informatique avec les formes géométriques de Clémence Fernando, manières noires en trichromie, pour créer « 54, 3 octobre 2019 matin ».

Cora Texier s’allie avec Stanislas Augris, photographe, dans une lithographie à quatre mains où l’arbre et le lavis discutent intimement, « Trunvel x Lanzarote ». Avec Jennifer Bonnefoy, céramiste, Cora Texier sort de sa zone de confort et développe une technique pour que son travail de lithographe puisse s’insinuer dans le grès pour une installation, « Respirer la terre ». Alice Vasseur crée des monotypes qui font état de son ressenti lors de séances de danse du chorégraphe Thibaut Eiferman, intitulés « Terre I ». Elle travaille avec lui actuellement à un spectacle vivant qu’ils co-créent. Pierre Vaquez met son berceau, son grattoir et brunissoir au service de la plume de Didier Levy pour des livres jeunesse, « Apsergus et moi », « Olo », « Naissance d’un héros & Le train fantôme ». Ses manières noires sont pleines de nouveaux mondes inventés spécialement pour chaque occasion.

Clémence Fernando,« 54, 3 octobre 2019 matin », manière noire en trichromie (Cl. Violaine Fayolle)

Joëlle Jakubiak, alchimiste moderne, transforme le papier en rouille avec la complicité de l’entreprise ArcelorMittal pour l’installation « Oxyde & 250 gr ». Le collectif d’artiste « La Presse Collective » crée des livres d’artistes, « Éditions gravées », prenant le paysage et la nature comme support, de la figuration à l’abstraction. Les gravures de Régina Blaim se meuvent pour devenir le décor du spectacle vivant de la Compagnie Transtopie, dans « La rue fait mauvais genre ». One Ink, duo d’imprimeurs, travaillent avec d’autres. Avec Rémi Guerrin, photographe, pour le livre d’artiste « Quatorze intérieurs + un ». Pour une collaboration posthume avec le sérigraphe Pierre Vandrotte dans « Jona et Pierre Vandrotte ». Avec Blandine Delvart et Johan Vaurs, graveurs, pour l’installation d’après une gravure sur bois « Papier mineur ». Enfin, François Vincent, graveur et lithographe, crée avec Stéphane Longpré, scénographe, des petites boîtes alliant lithographie, bois aggloméré et impression 3D dans « 15 x 15 x 20,5 cm », petites œuvres en volume dans lesquelles les détails sont faits pour être découverts.

Travailler à plusieurs, c’est aussi accepter de sortir de son terrain de jeu pour apprendre à regarder à côté, c’est aussi peut-être sortir de ses marottes, envies et obsessions, pour découvrir, apprendre, chercher et regarder les résultats à plusieurs paires d’yeux, avec différentes sensibilités, angles de vues. Il faut une forme de courage et de lâcher prise. Cette ouverture est certainement enrichissante pour l’artiste qui collabore, en tout cas elle l’est pour le spectateur qui devient le témoin d’œuvres libérées de toute catégorie et de tout enfermement.

Violaine Fayolle

Nota bene : de nombreuses médiations autour de l’exposition sont proposées pendant l’ouverture de l’exposition et la semaine de la gravure du 18 au 23 novembre 2024 (visites, ateliers, démonstrations) voir le programme sur www.archipel.ville-fouesnant.fr/agenda/semaine-de-la-gravure/