Monolithes

Galerie 43, depuis l’extérieur (Cl. Alain Cazalis)

« Monolithes’
Par Dominique Aliadière et Alain Cazalis
Galerie 43
43 rue Vandrezanne 75013
Jusqu’au 11 décembre, tous les jours de 14 à 19h,
en présence d’un des artistes

Monolithes, détails (Cl. Alain Cazalis)

Alain Cazalis nous propose toujours des surprises. Ici, méditant sur un lointain passé, comme son complice occasionnel Dominique Aliadière, il le recrée. Il nous présente des monolithes d’un genre nouveau et de dimensions raisonnables, à la mesure de notre siècle médiocre. Il lui suffit de remplacer la feuille de papier sur laquelle on imprime habituellement ses estampes par de la terre, cuite, vernie et teintée. Ainsi disposons-nous d’estampes d’une espèce particulière, difficiles à ranger dans des albums mais parfaitement adaptées à notre spacieux salon aux cloisons surchargées. S’y ajoutent de magnifiques dessins et des monotypes très colorés, qui répondent au noir-et-blanc costaud de Dominique Aliadière. Gravés en bois (il y a aussi une grande pointe-sèche) et imprimés « normalement » sur papier, les mégalithes de ce dernier, menhirs, dolmens et autres cromlechs disent le côté préhistorique, quasiment éternel, de l’artiste. Passionnant et superbe.

Galerie 43, le mur Aliadière (Cl. Alain Cazalis)

Maxime Préaud

Compositions

Côté Christiane Vielle (Cl. M. Préaud)

Galerie Anaphora
13 rue Maître Albert 75005 PARIS
du 27 septembre au 22 octobre et du 8 au 19 novembre 2022
du mardi au samedi de 15h 30 à 19h 30

La galerie Anaphora, sous le titre générique de « Compositions », présente trois graveurs « abstraits » : Christiane Vielle, Erwin Heyn et Jim Monson. « Abstrait », cela veut dire que c’est à celui qui regarde de se débrouiller pour comprendre les subtilités de l’image qu’il a sous les yeux. Quand il y en a. Et il se trouve qu’il y en a parfois.

Christiane Vielle est depuis longtemps connue pour la rigueur de ses travaux en taille-douce, leur élégance aussi discrète qu’évidente, la finesse de ses relations noirs-blancs-gris. Techniquement impeccables sont ses jeux de vernis, ses empreintes, ses grattages, ses collages, et de temps à autre un aplat de couleur se mêle à ses impressions qu’elle réalise toujours elle-même. Avec ses illustrations du livre Pierres (1984), ici également présenté, elle aime à rappeler sa rencontre marquante avec Roger Caillois et avec son épouse. Elle se souvient aussi avec chaleur du peintre et graveur Abdallah Benanteur, à l’aise dans une presque abstraction lyrique proche de Monet et de Riopelle, plus coloriste que Christiane toutefois.

Erwin Heyn propose des œuvres bien différentes. Techniquement parlant, d’abord, puisqu’il travaille au burin dans le bois debout, et en couleurs. Mais on est en présence d’accumulations de motifs rigoureusement répétés, à la limite du papier peint en réduction et de la dominographie, sans ouverture, et sans que se laisse entrevoir une quelconque gestuelle.

Côté Erwin Heyn (Cl. M. Préaud)

Quant au troisième participant, Jim Monson, il propose des estampes obtenues en bois de fil et en couleurs, généralement en aplats, imprimées le plus souvent selon la méthode en puzzle mise au point par le Norvégien Edvard Munch il y a environ un siècle. Monson ne cache guère ses influences, comme celles de Kandinsky ou de Miró.

Côté Jim Monson (Cl. M. Préaud)

L’ensemble forme une manifestation à la fois spectaculaire par les œuvres proposées et intime par l’atmosphère de la galerie Anaphora, laquelle a le double mérite de présenter des œuvres contemporaines en dehors des banalités américaines dans un quartier de Paris encore un peu protégé de la fureur des édiles.

Maxime Préaud

Ipoustéguy côté jardin

Côté estampes « normales » (Cl. M. Préaud)

Exposition
Galerie Gallix
5 rue Pierre Sémard 75009 Paris
du 23 septembre au 2 octobre 2022
Tous les jours de 11h à 19h

Ipoustéguy (1920-2006) est principalement connu pour ses nombreuses et magnifiques sculptures. Mais cet esprit curieux, qui avait commencé par la peinture, s’est aussi intéressé à l’estampe.

Ainsi a-t-il produit un certain nombre d’estampes, que je qualifierais de « normales », généralement exécutées à l’eau-forte avec ou sans aquatinte, le plus souvent en noir-et-blanc mais parfois en couleurs. Un certain nombre figurent dans l’exposition proposée chez Gallix, venues des découvertes faites par la fille de l’artiste dans les cartons de son père.

Outre ces estampes « normales », on peut voir une série d’images qui ne le sont pas tout à fait, réalisées par Ipoustéguy dans les années 1980 à partir des végétaux de son jardin de Choisy-le-Roi. Comme le dit le communiqué de presse, il s’agit là d’un « vibrant herbier », d’un « saisissant mélange d’éléments organiques, de plantes séchées, d’aquarelle et d’encre ».

En réalité, il semble que l’artiste ait découvert, ou plus exactement redécouvert ce qu’il est convenu d’appeler les « impressions naturelles », c’est-à-dire des images produites directement à partir de la plante elle-même, plus ou moins séchée, partiellement recouverte d’encre et imprimée sur une feuille de papier en passant sous une presse, soit typographique, soit à taille-douce réglée à une pression pas trop forte. Ce procédé a été inventé dès le XVIe siècle. Je renvoie l’amateur au joli petit catalogue publié par la Bibliothèque nationale en 1993 : Botanica in originali : livres de botanique réalisés en impression naturelle du XVIe au XIXe siècles : exposition, 5 mai-12 juin 1993 (Bibliothèque nationale, Département des livres imprimés), présentée par Isabelle de Conihout, 35 p. : ill., couv. ill. ; 21 cm. Dans ce catalogue figure un des fleurons de cette technique, un gros volume contenant 412 images, conservé à la Réserve du Département des estampes de la BnF, sous la cote RESERVE JD-50-PET FOL, et accessible en ligne : [Plantes vivantes exprimées par le cylindre] / [fait à Florence par Zenobe Pacini pharmacien], vers 1520.

Côté « impression naturelle » (Cl. M. Préaud)

Double curiosité donc, impression naturelle et bizarrerie d’Ipoustéguy. Il y a aussi quelques belles sculptures. Attention, seulement jusqu’au 2 octobre !

Maxime Préaud