Couleur noire : variations en noir et blanc

 

Kathleen Paddoon, Nakarra Nakarra, eau-forte, 2007

Cette exposition présentée fort élégamment, inaugurée jeudi 19, ne dure que jusqu’au 30 septembre. Il faut donc s’y précipiter pour découvrir une petite dizaine de tailles-douces exécutées au cours des quinze dernières années par autant d’artistes aborigènes. Nous sommes maintenant accoutumés aux œuvres vivement colorées des peintres autochtones australiens, mais leur talent si particulier s’exprime parfaitement avec l’encre noire. Thomas Martin, fondateur en 2016 d’une galerie virtuelle qui s’intéresse particulièrement à l’estampe, Art and Tracks, s’est ici associé avec Ghizlaine Jahidi qui, elle, propose quatre estampes de Jacques Muron à couper le souffle ainsi qu’une grande pièce de Christian Fossier et une lithographie de Hartung qui n’est pas la pire de son œuvre.

Maxime Préaud

Jacques Muron, Arcanes, burin, 1993

42 quai des Célestins à Paris (métro Pont-Marie ou Sully-Morland ou Saint-Paul), tous les jours de 11h à 13h et de 14h à 19h, nocturne jeudi et vendredi jusqu’à 22h. contact@galeriejahidi.com, tmartin@artandtracks.com

 

Le frémissement de l’ombre

Galerie Argentine
6, rue Cimarosa, 75116 Paris
Du jeudi 22 juin au 6 juillet 2017
Du lundi au vendredi de 10 h à 13 h et de 14 h à 16 h

Pablo Flaiszman maîtrise parfaitement les subtilités de l’aquatinte, même sur d’assez grands formats, et ce qui est un piège pour beaucoup de graveurs est pour lui comme son élément naturel. Sur ses estampes aux sujets intimistes se manifestent, exaltées par le noir-et-blanc, des oppositions très vives entre sol y sombra, comme diraient les amateurs de corrida. Pablo étant d’origine argentine, il émouvrait plutôt les amateurs de tango. Lequel, on le sait, fait davantage pleurer que rire. Et il faut reconnaître que les estampes de Pablo ne poussent pas franchement à la rigolade, mais à une méditation quelque peu mélancolique dans la fraîcheur obscure de maisons de famille, où, comme l’écrit Bernadette Boustany, « les scènes de genre cohabitent avec des natures mortes. Une chaise, un fruit, un verre, saisis dans la banalité du quotidien, sont transcendés par une lumière subtile », qui « souligne finalement le frémissement de l’ombre ». Très belle exposition, parfaitement présentée.

Maxime Préaud

Louis-René Berge

Louis-René Berge, « un maître du burin » (1927-2013)
Galerie Documents 15, 15 rue de l’Échaudé 75506 PARIS
info@galeriedocuments15.com
12 mai – 10 juin 2017
Du mardi au samedi de 14h à 19h
Entrée libre

Louis-René Berge : La Grande Bousculade,
1989, burin, ex. sur Arches, 43 x 31 cm

C’était un vœu d’Érik Desmazières, lui aussi graveur et membre de l’Institut, que de rendre un hommage à son confrère à l’Académie des beaux-arts, Louis-René Berge, récemment disparu. Louis-René Berge a beaucoup fait pour l’estampe et sa renommée, non seulement en gravant lui-même, d’un burin solide et personnel, une belle quantité de pièces qui frappent par leur caractère insolite, mais en essayant de défendre au mieux et de promouvoir par tous les moyens mis à sa disposition les arts de l’estampe qu’il estimait à juste titre trop délaissés par le public. C’est ainsi qu’il avait été à l’initiative de la création de l’association Manifestampe qui poursuit depuis une quinzaine d’années les mêmes objectifs et dont il a été président puis président honoraire. Il avait été également le promoteur de diverses expositions, dont notamment, en 2012, avec Anne Guérin, La gravure en mouvement du XVe au XXIe siècle, (Yerres, Propriété Caillebotte). Un catalogue partiel de son œuvre a été publié en 2014 à l’occasion d’une exposition rétrospective à l’Espace Évolution Pierre Cardin à Paris : Louis-René Berge / Le théâtre du temps. La présente exposition est moins ambitieuse, mais tout de même digne d’intérêt : trente-deux pièces (qui proviennent de la famille) encadrées sur les murs témoignent d’un œuvre gravé original et séduisant. Et ici, les estampes sont à vendre, d’ailleurs à des prix très raisonnables selon le souhait souvent exprimé de l’artiste lui-même, qui comprenait bien, et il faut le répéter sans cesse, que l’art de l’estampe est celui du partage.

Maxime Préaud