De fil et d’encre

« The Tree », monotype, 70×120 cm, 2023 (Cl. William Brouard)

« De fil et d’encre », à la Villa A des arts
15 rue Hégésippe Moreau 75018 Paris
5 décembre au 17 décembre 2023

L’exposition « De Fil et d’encre » présente le travail de Véronique Mir Nezan, artiste plasticienne et graveuse qui rassemble une série de monotypes issus de matrices en tissus, ce qui n’est pas commun dans le monde de l’estampe.

« Chemin de croix », monotype, 70×120 cm, 2022 (Cl. William Brouard)

Durant deux ans, ses recherches sur la matière textile lui ont permis d’explorer un nouvel univers qu’elle nous offre à découvrir. Ses fils nous guident sur une trentaine d’œuvres, des combinaisons recherchées et atypiques où l’on peut voir qu’un simple ourlet s’unit à l’accroc d’un coton, que des nœuds s’accordent aux plis dociles du tissu, autant d’histoires de liens sous l’égide de la couleur et du noir. L’artiste a ensuite cédé ses matrices à Danielle Adjagba Dubois, soucieuse d’y « piquer » quelques points et coutures, redonnant ainsi la vie à la matrice usagée, matrice condamnée mais pas que. De son regard, les matrices prennent une toute autre apparence, une élégance, associées aux estampes, tout rythme avec textures, couleurs et mise en scène. Ces deux artistes ont su briller d’inventivité et de créativité pour nous offrir des œuvres insolites et originales.

William Brouard

Maurice Maillard, ou un éloge du gris

« Sur la route du matin », eau-forte avec aquatinte,
2019, 20 x 20 cm (Cl. Documents 15)

La galerie « Documents 15 », sous le joli titre de « L’ombre n’abolit pas la lumière », présente jusqu’au 16 décembre 2023 une exposition de quelques œuvres du regretté Maurice Maillard, décédé en février 2020.

C’est une exposition de brouillard et de neige, d’un pays froid rappelant, à l’aide de pointe sèche et d’aquatinte légère, l’avenir radieux qui, semble-t-il, nous est promis. Il y a aussi quelques peintures. On n’est pas dans le noir absolu, mais dans une demi-grisaille, la plus belle absence de couleurs que la nature nous réserve, et à laquelle Maurice était particulièrement sensible. Une méditation.

« Aube, fin février », 2016, acrylique et fusain sur toile,
35 x 75 cm (Cl. Documents 15)

« S’en retourner vers le Comté des sables », pointe sèche,
2019, 50 x 33 cm (Cl. Documents 15)

C’est l’occasion pour moi d’attirer votre attention sur un texte que Maurice ne connaissait peut-être pas mais dont je peux supposer qu’il l’aurait apprécié. C’est, de Frédéric Henriet, « Le Paysagiste aux champs », publié à Paris en 1876. La chapitre XVIII commence ainsi : « J’aime les tons gris. À vingt-cinq ans, on se jette étourdiment à travers toutes les exubérances de la verdure ; on voudrait lutter d’éclat avec le soleil ; mais plus tard, quand le bleu de Prusse et le chrome vous on fait suffisamment d’infidélités, on passe volontiers un léger glacis de laque et de noir d’ivoire sur les brutalités du vert Véronèse et du cadium : – ainsi les années amortissent tout doucement les présomptueux élans de la jeunesse. »

Maxime Préaud