Laurence Paton – Vu et lu… pour vous https://www.vuetlu.manifestampe.net Magazine d'informations sur l'estampe dans tous ses états Mon, 16 Dec 2024 16:25:17 +0000 fr-FR hourly 1 https://www.vuetlu.manifestampe.net/wp-content/uploads/2021/01/cropped-favicon-512x512-1-32x32.jpg Laurence Paton – Vu et lu… pour vous https://www.vuetlu.manifestampe.net 32 32 Sergio Birga https://www.vuetlu.manifestampe.net/sergio-birga-2/ Mon, 16 Dec 2024 16:25:17 +0000 https://www.vuetlu.manifestampe.net/?p=4031 Sergio Birga, Le Technocrate, linogravure, 1961, 190 x 120 mm (Cl. Laurence Paton) « Sergio Birga -De l’étrangeté du monde » Xylographies et eaux-fortes Galerie Saphir, 69 rue du Temple 75003 Paris 10décembre 2024 au 12 janvier 2025 tous les jours de13h à 19h Regarder les gravures de Sergio Birga (1940-2021), exposées avec quelques peintures à la … ]]>

Sergio Birga, Le Technocrate, linogravure, 1961, 190 x 120 mm
(Cl. Laurence Paton)

« Sergio Birga -De l’étrangeté du monde »
Xylographies et eaux-fortes
Galerie Saphir, 69 rue du Temple 75003 Paris
10décembre 2024 au 12 janvier 2025
tous les jours de13h à 19h

Regarder les gravures de Sergio Birga (1940-2021), exposées avec quelques peintures à la galerie Saphir à l’occasion de la sortie du catalogue raisonné « Estampes »1 de son œuvre, donne l’occasion de se replonger dans l’histoire récente, pré et post-soixante-huitarde, notamment de Paris. Quitte à inventer des récits et prendre des libertés avec la chronologie : ce technocrate à la mine carnassière linogravé par l’artiste n’est-il pas en train de planifier, avec plus de dix ans d’avance, la destruction des Halles, et leur remplacement par un univers désespérément bétonné ? Le militaire bardé de cicatrices et de décorations qui complète ce diptyque (« Technocrate et Militaire », 1961, linogravures, 190 x 120 mm chacune) ne va-t-il pas faire donner la troupe pour écraser jusqu’au dernier les opposants à ce projet et rétablir l’ordre ? Sous la gouge ou le ciseau de l’artiste, resurgit dans sa force et son bouillonnement toute une époque.

Sergio Birga, « Le Militaire », linogravure, 1961, 190 x 120 mm
(Cl. Laurence Paton)

De la démolition des Halles, abondamment documentée par l’artiste (1973-1976) à la Covid 19, Sergio Birga, né à Florence et Parisien d’adoption, est un témoin particulièrement sensible aux événements et tragédies du monde. « Le style coloré et violent des expressionnistes allemands » qu’il a découvert très tôt « convient bien », explique son biographe dans le catalogue raisonné, « à son état d’esprit, révolté contre famille et société ». Révolte non seulement sociale et politique, mais également métaphysique et existentielle, comme le montrent les nombreuses estampes dédiées à Kafka —portrait de l’écrivain et illustration de ses écrits— ainsi que les autoportraits souvent torturés qui jalonnent toute l’œuvre du peintre-graveur. Quelques eaux-fortes, effectuées généralement dans ses jeunes années, apportent par leur style tout en finesse, plus que par leur contenu souvent sombre, un contrepoint de douceur.

Laurence Paton

1 – « Sergio Birga, Estampes », catalogue raisonné établi par Annie Birga et Maxime Préaud, préface de Maxime Préaud, , mise en pages Vincent Pinault, contributions de Clémence Gaboriau, juin 2024, APAG, 20 €

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Christiane Vielle https://www.vuetlu.manifestampe.net/christiane-vielle/ Tue, 19 Mar 2024 09:05:26 +0000 https://www.vuetlu.manifestampe.net/?p=3688 Continuer la lecture de « Christiane Vielle »

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« Identification n° II », Christiane Vielle, aquatinte 1986
(Cl. Laurence Paton)

« De la forme en mouvement à l’expression du signe »
Exposition 13 mars au 6 avril et 24 avril au 4 mai 2024
Galerie Anaphora 13 rue Maître Albert 75005 Paris,

Sur le mur de droite, un imposant bloc noir aux allures de paquebot nous accueille. Ce bâtiment qui , fendant des flots blancs, nous invite à le suivre dans son sillage entre mer et ciel , c’est « Identification n° II », une aquatinte de 1986. Lames de fond et nuages, aile et élan : comme l’indique le titre de l’exposition, l’œuvre abstraite de Christiane Vielle est tout en mouvement, et on devine le geste ample de l’artiste maniant la brosse, ou le pinceau lorsqu’il s’agit des monotypes, sur la plaque de cuivre. Les noirs profonds et presque transparents à force d’avoir été grattés au brunissoir ou à la toile émeri, dialoguent avec les blancs légers pour nous emmener en une sorte de promenade vers l’infini dans des « Jardins possibles » étincelants d’eau ou de neige, des lagunes ou des déserts minéraux à la composition virtuose qui fait s’entrechoquer des mondes.

« Jardins possibles », Christiane Vielle (Cl. Laurence Paton)

« Hypothèse sur nature », Christiane Vielle,
aquatinte, roulage, monotype chine collé, 2012 (Cl. Laurence Paton)

La graveure, qui a accompagné de ses images nombre de textes et de poèmes, aime aussi jouer avec les couleurs et les papiers collés comme le montre sa série Le chant des choses ou « Hypothèse sur nature ». Près de cinquante estampes sont exposées qui nous font entrevoir « tout un monde lointain », pour reprendre le titre d’une des toutes récentes séries d’aquatintes (2023) créées par Christiane Vielle.

Laurence Paton

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Au fil du temps… https://www.vuetlu.manifestampe.net/au-fil-du-temps/ Tue, 07 Nov 2023 10:25:06 +0000 https://www.vuetlu.manifestampe.net/?p=3476 Continuer la lecture de « Au fil du temps… »

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« Afflux », burin (Cl. L. Paton)

« Au fil du temps : regards croisés »
Catherine Gillet, gravures et dessins
2 au 25 novembre 2023
Fondation Taylor, 1, rue La Bruyère, 75009 Paris

Dans les beaux locaux de la Fondation Taylor qui viennent de faire peau neuve, la buriniste Catherine Gillet nous accueille avec une planche énigmatique toute en douceur et en rondeur intitulée «  Nouveau monde ». Puis on retrouve ces blocs noirs striés qui lui sont chers, comme en suspension dans l’espace blanc de la page. On ne sait pas si ce sont les roches qui coulent ou le monde qui pleure. Mais on cesse bientôt de s’interroger, emporté par les mille surprises fines et scintillantes d’un burin à la fois délicat et profond qui sait inscrire en traits lumineux ce « Vivre pourtant » qu’Éluard appelait « le dur désir de durer ».

« Vivre pourtant », graphite et pierre noire (Cl. L. Paton)

Des dessins grands formats effectués au graphite et à la pierre noire et où la matière s’enroule, à de ravissantes miniatures gravées (En chemin) , nous allons de découvertes en découvertes. Jusqu’à ces « Afflux » par lesquels la buriniste nous livre sa vision légère et étincelante d’un jardin zen .

« Afflux » (détail), burin (Cl. L. Paton)

Ne manquez pas au 4ème étage l’exposition « La Taille & le Crayon », estampes et dessins évoquant des espèces en voie d’apparition à partir d’un texte de Raphaël Saint-Rémy.

Laurence Paton

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Prix Gravix 2022 https://www.vuetlu.manifestampe.net/prix-gravix-2022/ Wed, 04 May 2022 16:38:38 +0000 https://www.vuetlu.manifestampe.net/?p=2616 Continuer la lecture de « Prix Gravix 2022 »

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Raùl Villullas, « Dame de cœurs », bois en couleurs, 50 x 65 cm

Remise des prix Gravix
jeudi 28 avril 2022
Fondation Taylor

1 rue La Bruyère 75009 Paris

Il règne un suspense communicatif dans le bel atelier du 4e étage de la Fondation Taylor, ouvert sur les jardins de la Fondation Thiers. La salle se remplit de plus en plus, on y est entouré des gravures des dix nominés pour le Prix, en couleurs ou noir et blanc, toutes techniques et esthétiques mêlées, du carborundum flamboyant de Julien Deprez aux inquiétantes pointes sèches de Anaïs Charras, en passant par les aquatintes de Sabine Demathieu et Matthieu Perramant ou les très étonnantes manières noires polychromes de Clémence Fernando.

Julien Deprez, « Calle major 2 », carborundum et pointe sèche, 77 x 103 cm

Quand Maxime Préaud, dont on vient de voir à l’exposition Pointe & Burin du rez-de-chaussée deux estampes à planche perdue, parmi lesquelles un éléphant entouré d’élégants rinceaux, pénètre dans la salle, le silence se fait immédiatement. Il va révéler le nom du jeune artiste primé cette année – au prix Gravix on est jeune jusqu’à 41 ans… Après avoir expliqué combien choisir, tout d’abord dix nominés, puis un lauréat, sur la soixantaine de dossiers reçus n’avait, compte tenu de la qualité des œuvres, pas été simple, suscitant des discussions animées parmi les treize membres du jury, il annonce le verdict : c’est Raùl Villullas qui remporte la palme. En examinant les séduisants bois colorés de ce graveur espagnol, à la fois simples et comme naïfs mais ouvrant sur un monde poétique complexe en plusieurs plans, où les couleurs et les contraires se répondent comme la nuit et le jour, on pense percevoir les motivations du jury : une technique parfaitement maîtrisée – celle de la gravure sur bois en plusieurs planches qui exige précision et finesse – au service d’un propos singulier lâchant la bride à l’imagination et ouvrant sur le rêve, à l’image de ce crâne se transformant en vagues ( La Lune) ou de cet escalier aux marches jaunes, pourpres et bleues conduisant à une porte sombre (Danse la nuit).

Matthieu Perramant, « Un refuge : l’intérieur »,
eau-forte avec aquatinte et pointe sèche. 63 x 75 cm. 2021.

Cette année, le jury a tenu à mettre également en avant un autre nominé : Matthieu Perramant, graveur et imprimeur en taille-douce. Frappantes et très travaillées, ses aquatintes, avec eau-forte et pointe-sèche, donnent à voir un monde sans présence humaine, mais tout en ombres noires et blanches à la Piranèse.

Laurence Paton

 

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Embarquement immédiat https://www.vuetlu.manifestampe.net/embarquement-immediat/ Sat, 29 Feb 2020 09:04:45 +0000 http://www.vuetlu.manifestampe.net/?p=1284 Continuer la lecture de « Embarquement immédiat »

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« Embarquement immédiat »
Gravures de Francis Capdeboscq
Galerie l’Échiquier
16 rue de l’Échiquier
75010 Paris
27 février au 3 avril 2020

 

Les mondes enchantés dans lesquels les eaux-fortes savamment travaillées de Francis Capdeboscq nous entraînent brouillent tous nos repères. Commençons le voyage : à l’Embarcadère nimbé d’une lumière blanche qui rend les noirs de l’aquatinte encore plus profonds, et presque inquiétants, tout semble d’un calme magnifique. De sorte qu’une fois parvenu à la Lisière d’une forêt qui pleure, lavée de toute présence humaine à l’exception d’un couple sortant d’un arbre et d’un château fondu dans les nuages, on s’attend presque à voir surgir à l’aube de ce premier jour le lièvre de Rimbaud qui, « aussitôt que l’idée de Déluge se fut rassise… dit sa prière à l’arc-en-ciel… ».

« Bosch 500 », Francis Capdeboscq, aquatinte, eau-forte (Cl. Galerie l’Échiquier)

C’est bien à une fête païenne que nous sommes conviés, dans des grottes d’avant l’histoire qui grouillent d’animaux et de personnages réunis pour des cérémonies secrètes, ou des crèches où on Aime les bêtes. Francis Capdeboscq qui prend soin de nous donner quelques indices, Bosch, Dante, pour notre périple à l’intérieur de ces contrées habitées par les mythes et les récits bibliques, a un côté satanique et malicieux. Son Bethléem au titre inversé où une foule aussi nombreuse qu’en enfer se presse, juchée à même le toit, pour assister à l’événement, montre tous les protagonistes— de l’âne au bœuf en passant par de drôles de rois mages— sauf le principal…

Dans cet univers mis sens dessus-dessous par une imagination artistique qui mêle à l’envi les époques, les fables et les traditions, des saynettes ravissantes, sortes d’intermèdes, nous sont proposées, comme ces Jeunes voyageurs en tapis volant, ou ce charmant damoiseau vêtu de gris léger et tout droit sorti de la poésie courtoise : Je rêve de mains. Sans doute de mains virtuoses qui s’apprêtent à faire chanter les noirs et les blancs de nos songes les plus infernaux avec de douces morsures.

Laurence Paton

(avec l’aimable autorisation de la galerie de l’Échiquier)

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