Josiane Guillet – Vu et lu… pour vous https://www.vuetlu.manifestampe.net Magazine d'informations sur l'estampe dans tous ses états Mon, 10 Mar 2025 16:52:02 +0000 fr-FR hourly 1 https://www.vuetlu.manifestampe.net/wp-content/uploads/2021/01/cropped-favicon-512x512-1-32x32.jpg Josiane Guillet – Vu et lu… pour vous https://www.vuetlu.manifestampe.net 32 32 Exposition de la JGC https://www.vuetlu.manifestampe.net/exposition-de-la-jgc/ Mon, 10 Mar 2025 10:08:36 +0000 https://www.vuetlu.manifestampe.net/?p=4136 L’affiche de l’exposition de l’association Jeune Gravure contemporaine « Traits d’Union », pourquoi ce titre ? On pense d’emblée aux liens tissés par une thématique commune entre les sociétaires de la « JGC-Gravure Contemporaine » et leurs invités. Le défi consistait, pour chaque artiste, à proposer trois tirages différents résultant d’un travail évolutif sur une matrice de base. Quelques … ]]>

L’affiche de l’exposition de l’association Jeune Gravure contemporaine

« Traits d’Union », pourquoi ce titre ? On pense d’emblée aux liens tissés par une thématique commune entre les sociétaires de la « JGC-Gravure Contemporaine » et leurs invités. Le défi consistait, pour chaque artiste, à proposer trois tirages différents résultant d’un travail évolutif sur une matrice de base. Quelques contraintes relatives à un format maximum n’ont pas empêché les graveurs de s’embarquer dans une même aventure créative chacun selon son imaginaire et ses options esthétiques. Les diverses origines géographiques et artistiques des participants ont enrichi l’exposition de la « JGC-Gravure Contemporaine » qui s’est révélée d’une grande variété, mise en valeur par la cohérence de son accrochage. Le large éventail des pratiques et des réponses à la thématique donnée frappe, dès son entrée, le visiteur par l’abondance des œuvres en couleurs qui dialoguent heureusement avec toutes les déclinaisons des estampes en noir et blanc. La multiplicité des formats choisis et la pluralité des techniques, aussi bien classiques que novatrices, contribuent au plaisir de la découverte…Superpositions, incrustations, découpages, jeux de transparence, fragmentations, effacements ou montages inattendus, autant de modalités dans le travail de l’image…

Le spectateur de « Traits d’Union », sollicité par la liberté des réalisations peut aussi, en consultant le catalogue, affiner son regard et approfondir sa connaissance des techniques Et ce, sans oublier que, exposer c’est donner à voir, mais aussi stimuler la réflexion, voire susciter l’émotion. Celui qui regarde est, en partie, l’artisan de la construction de l’image, indépendamment des intentions affichées de l’artiste.

Dès sa création, la « JGC-Gravure Contemporaine » a affirmé sa volonté d’encourager l’innovation technique et esthétique en refusant toute formule absolue et sectaire de l’estampe. Cette volonté est illustrée par l’hommage rendu à Adolphe Cieslarczyk, dont trois belles gravures exposées témoignent du constant esprit de recherche qui l’a animé pendant toute sa vie d’artiste.

La gravure contemporaine se doit d’être toujours jeune !

Josiane Guillet

]]>
Instants T https://www.vuetlu.manifestampe.net/instants-t-2/ Tue, 11 Feb 2025 13:37:20 +0000 https://www.vuetlu.manifestampe.net/?p=4087 Le visuel de l’exposition L’exposition « Instants T » présentée à la Fondation Taylor du 28 novembre au 21 décembre 2024 à Paris a été, comme annoncé, transférée à Genève, à la Fondation WRP en Suisse, et visible du 13 au 31 janvier 2025. Expérience intéressante pour les commissaires de l’association « Graver Maintenant » que ce transfert qui … ]]>

Le visuel de l’exposition

L’exposition « Instants T » présentée à la Fondation Taylor du 28 novembre au 21 décembre 2024 à Paris a été, comme annoncé, transférée à Genève, à la Fondation WRP en Suisse, et visible du 13 au 31 janvier 2025. Expérience intéressante pour les commissaires de l’association « Graver Maintenant » que ce transfert qui a donné lieu à une nouvelle scénographie, à un autre jeu spatial compte tenu du cadre genevois. Une nouvelle migration à Bulle en Suisse est prévue plus tard à la fin 2025.

La Fondation WRP, située dans le quartier central de la gare de Cornavin, est un lieu voué aux domaines de l’architecture, de l’urbanisme et du design, avec pour ambition de soutenir les créateurs et de faciliter l’échange de savoirs. La galerie est située au niveau de la rue, occupant un angle vaste et largement vitré, d’où une grande visibilité de l’extérieur pour les œuvres. La ville s’invite aussi dans l’espace d’exposition avec sa lumière changeante, ses reflets et ses mouvements divers. Les espaces disponibles dans le rez-de-chaussée sont ingénieusement occupés et invitent le regard du spectateur à repérer, dans un plan différent ou sur des surfaces inattendues, la gravure et ses « instants T », jalons de sa création. À l’étage, une petite pièce offre un autre espace d’exposition, comme suspendu au-dessus de la galerie. Un accrochage très réussi, plein d’inventivité.

Une vue de l’exposition (Cl. Josiane Guillet)

Le 21 janvier 2025 à partir de 18 heures, s’est tenue une table ronde qui rassemblait des artistes et des amateurs éclairés autour de Laure Gabus, journaliste genevoise, Dominique Aliadière, artiste graveur, et Frédéric Lambert, sémiologue. Florence Bonhivers a joué le rôle de modératrice.

Laure Gabus souligne le défi qui consiste à vouloir capturer quelque chose qui nous échappe, le temps. Elle parle d’une « Quatrième Dimension », celle qu’elle a « traquée avec des mots et un micro » pour créer son podcast éponyme dont quelques moments ont été diffusés à cette occasion. La modératrice invite alors Dominique Aliadière à commenter son travail, présenté devant le groupe qui l’entoure, sur une grande table basse…carrée. Ce sont trois états d’une même plaque gravée en taille directe, méthode complexe familière à ce graveur. Le premier tirage d’une estampe, le premier état, peut être suivi, après une rotation de la plaque, d’un ou de plusieurs états, « instants T », échelonnés dans des temps variables, chacun étant conçu comme définitif.

La reprise d’une estampe, est une pratique courante dans l’histoire de l’art, addition voire soustraction; Rembrandt a effacé certaines parties de « Ecce Homo » ou d’autres œuvres. On pourrait parler de temps à rebours dans ce dernier cas, comme les ratures et réécritures dans la création littéraire. Et même de boucle temporelle pour l’œuvre de Marcel Proust, « La Recherche du temps perdu », dont la fin annonce l’écriture prochaine du livre que le lecteur vient de terminer.

Une autre vue de l’exposition (Cl. Josiane Guillet)

Le propos de Frédéric Lambert éclaire principalement l’opposition qu’il fait entre l’image médiatique (publicité, télévision, réseaux sociaux…) imposée d’emblée comme un objet « cultuel », une « réflexion » du monde réel, un reflet, et l’image « culturelle » construite dans le temps, comme celles que propose l’exposition « Instants T ». Les gravures, en tant qu’objets artistiques, sont fabriquées à partir d’instants, voulus par l’artiste, de gestes marqués par la subjectivité du créateur, le temps qu’il a vécu. Les « instants T » de l’exposition sont des points de départ du processus de fabrication, des arrêts intermédiaires volontairement dévoilés, des étapes dans le cheminement de la création. Le temps proposé de la fabrique des images apparaît alors comme une sédimentation possible des moments choisis, une mémoire dont l’épaisseur vient du choix des temps vécus.

Des échanges entre les trois intervenants et le public ont suivi. Questionnement collectif, par exemple, sur le temps long de la gravure mise en parallèle avec la photographie et son histoire (elle n’a pas toujours été un instantané). Interrogation sur la nature des arrêts choisis, la motivation des choix, le sens donné au temps. Dans le public, un horloger, manifestement intéressé par l’exposition, évoque le déroulement, le cheminement du temps, matière de son travail dans cette cité horlogère. Questions et interventions des uns et des autres creusent, dans une ambiance sympathique et stimulante, la question du temps et son rôle essentiel dans la pratique de la gravure, entre surface et profondeur dans le processus créateur.

Josiane Guillet

]]>
Chamalières https://www.vuetlu.manifestampe.net/chamalieres/ Wed, 24 Nov 2021 10:59:57 +0000 https://www.vuetlu.manifestampe.net/?p=2355 Continuer la lecture de « Chamalières »

]]>

À Chamalières et dans 17 villes partenaires, du 25 septembre au 7 novembre 2021, s’est tenue la onzième édition de la Triennale mondiale de l’estampe et de la gravure, repoussée d’un an en raison des circonstances difficiles de 2020. Il s’agit toujours d’un événement culturel majeur qui, cette année, regroupait 31 expositions dans 29 lieux différents et exposait les œuvres de 190 artistes originaires de 41 pays. Le qualificatif « mondial » n’est pas usurpé.

Pour le curieux, l’amateur d’estampe ou le passionné de gravure qui n’a eu que deux jours à consacrer à la Triennale, et, qui plus est, les deux derniers, la frustration peut être grande… Cependant, on est comblé dès la première visite : au centre de Chamalières, Rembrandt, dont les autoportraits, les portraits et d’autres eau-forte, le Faust par exemple, prêtés par la Bibliothèque municipale de Lyon fascinent, intriguent, amusent le regardeur plongé dans la pénombre d’un voyage au travers des siècles.

À deux pas, se tient une autre exposition « de prestige », dans une belle salle très claire, celle de quatre graveurs de l’Académie des Beaux-Arts (Institut de France) dont certaines œuvres sont étonnantes de liberté et de profondeur.

Dans le même secteur de la ville, l’Espace Simone Veil, abrite la compétition internationale d’estampes de petit format. C’est une vraie ruche tant les visiteurs sont nombreux et échangent bruyamment leurs impressions. Plus de 750 gravures venant du Brésil aussi bien que du Zimbabwe, ont été proposées au jury. On peut imaginer la superbe variété des œuvres et l’intérêt de ce foisonnement.

Une vue de l’exposition à Volvic (Cl. « Opération Prado »)

À Volvic, on découvre un collectif d’artistes groupés dans l’ « Opération Prado », à l’occasion du bicentenaire du musée de Madrid, qui proposent installations et œuvres graphiques inspirées par l’univers de peintres espagnols figurant dans les collections du musée et revisitées dans un esprit contemporain.

Judith Rothchild, primée à la dixième Triennale, présente, seule artiste dans une immense médiathèque à Cournon-d’Auvergne, ses gravures en manière noire. Curieusement, les objets quotidiens de la maison, les légumes d’un jardin prolifique ou une simple branche d’arbre séchée trouvent leur place dans cet environnement chaleureux et s’en trouvent anoblis et magnifiés.

Manière noire de Judith Rothchild (Cl. Triennale de Chamalières)

Dernière halte à Pont-du-Château, où les lauréats des prix attribués lors des Mois de l’estampe de l’association Graver Maintenant en 2017 et 2019 se sont donné carte blanche pour souligner par ces « Écarts » ce qui les sépare et ce qui les unit dans leur création, entre le statut d’artistes confirmés et celui de jeunes créateurs plasticiens tout aussi passionnés. Les kakemonos et travaux de grande envergure jouant sur la transparence s’accordent avec le patio végétal du lieu d’exposition, le Caméléon.

Certes, il vaut mieux échelonner les visites en découvrant tranquillement la Chaîne des Puys et les merveilles locales, mais ces quelques heures consacrées à la gravure d’ici et d’ailleurs affûtent le regard et provoquent de belles émotions. Un seul regret : demander à l’office du tourisme d’une petite ville quelques informations sur l’exposition locale d’estampes et découvrir qu’on n’est pas au courant et qu’il faut avoir recours à internet pour répondre. La communication sera peut-être meilleure pour la douzième édition…

Josiane Guillet

]]>
La main qui… https://www.vuetlu.manifestampe.net/la-main-qui/ Fri, 12 Nov 2021 20:21:51 +0000 https://www.vuetlu.manifestampe.net/?p=2322 Continuer la lecture de « La main qui… »

]]>

« La main qui trace… La main qui grave… »
21 octobre – 7 novembre 2021
Galerie « L’entr@cte »
3-5 rue de Versailles 92410 Ville d’Avray

L’exposition qui vient de s’achever à la galerie « L’entr@cte » de Ville d’Avray met à l’honneur la main ouvrière de l’artiste à qui, du moins sur le visuel de présentation, une autre main, divine peut-être, confère le pouvoir créateur. Cette rétrospective, balayant quelques décennies du travail de Claude Bureau, met aussi en scène ce qu’on pourrait appeler l’amitié artistique, groupement de collègues et amis graveurs ou dessinateurs autour de thématiques définies par l’artiste. La réunion de ces œuvres souligne le goût éclectique de Claude Bureau et son intérêt évident pour toutes les techniques de l’estampe, y compris celles qu’il ne pratique pas lui-même. Pour chaque thème, ou pôle, les œuvres sont en symbiose ou en opposition, éclairages ou antagonismes révélateurs.

Ce qu’on ressent d’abord en regardant certaines gravures de Claude Bureau, c’est la puissance de l’intention, la force du projet. Par exemple, dans la série « Cauchemar urbain » (pôle Architectures) dont quatre estampes ont été exposées à l’Espace Simone Veil de Chamalières, lors de la récente Triennale. Des compositions d’une ambigüité inquiétante, dont la perspective plus ou moins vraisemblable est souvent vertigineuse.

Une vue d’une salle d’exposition (Cl. Éric. Fourmestraux)

Sans doute en rapport avec la formation de l’artiste, on remarque dans les travaux de Claude Bureau un goût certain de l’abstraction et une sorte d’obsession mathématique. La violence élégante des « Métamorphoses », les énigmes visuelles de « Subversions du cube » sont autant de pièges dans lesquels le spectateur se laisse prendre et engloutir. Dans le « Quadrille rotatif », seize silhouettes de coureurs athlétiques, échappés d’une amphore grecque à figures noires, semblent enfermés dans un labyrinthe carré sans limites dont nul ne voit l’issue. (pôle Carrés cubiques)

La recherche géométrique n’est pas absente des paysages au charme intemporel qui sont aussi un terrain d’élection de l’artiste. Compositions stylisées, épurées, de petits formats, dans lesquelles s’évade volontiers le regard. Dans la série des « Panaches », Claude Bureau, saisissant la banalité ou même la laideur d’un phénomène physique, le convertit en objet esthétique convaincant.

On ne peut évoquer le travail de Claude Bureau sans mentionner son humour. Humour des textes de présentation, recherche du vocable rare, de la tournure peu usitée, mais précise, verve tonique, font partie des modes d’expression de l’artiste. Pour les « Gyotakus épargnés » (pôle Bestiaires), déclaration verbale et images se rejoignent en une joyeuse sarabande.

Vue d’une autre salle d’exposition (Cl. Éric. Fourmestraux)

Le catalogue des œuvres de Claude Bureau, estampes, dessins et textes, résume la quête de l’artiste, sa large exploration des objets artistiques et la puissance de son inspiration. Réalisés courageusement par certains membres de la communauté qu’il a réunie, les portraits de l’artiste, dont la variété, sinon la pertinence, étonne, sont le témoignage d’une chaleureuse amitié gagnée autour de l’estampe et de sa mise en valeur associative.

Josiane Guillet

Nota bene : ont été invités à participer à cette exposition : P. Vella, P. Simonet, A. Sartori, Z. Rajaona, M. Préaud, A. Paulus, D. Moindraut, B. Kernaléguen, F. Jeannet, G. Jahan, C. Gillet, C. Gendre-Bergère, É. Fourmestraux, J. Dumont, J.-P. Colin, R. Burdeos, H. Belin, M. Atman, D. Aliadière et exceptionnellement Jean Mulatier.

]]>
Synchronies invisibles https://www.vuetlu.manifestampe.net/synchronies-invisibles/ Mon, 16 Sep 2019 08:43:08 +0000 http://www.vuetlu.manifestampe.net/?p=1016 Continuer la lecture de « Synchronies invisibles »

]]>
« Synchronies invisibles »
Fondation Taylor
1 rue La Bruyère
75009 Paris
du 5 au 28 septembre 2019

Fidèle à son goût pour les manifestations internationales, l’association « Graver Maintenant » a conçu, avec l’université Feevale de l’État de Rio Grande do Sul, un projet d’échanges France – Brésil dont le résultat est une singulière exposition.

Superbement installée dans l’atelier des quatrième et cinquième étages de la Fondation Taylor, Synchronies Invisibles intrigue le visiteur. S’il n’est pas averti, il sera sans doute troublé au premier abord, comme le suggère la première de couverture du catalogue.

Vue plongeante de l’atelier (Cl. Josiane Guillet)

L’accrochage propose des groupes de trois unités : une gravure encadrée (qui figure sur la « bonne page » du catalogue), une seconde gravure sans cadre, et un fragment de gravure dont on se rend assez vite compte qu’il est un extrait de la seconde. Le cartel indique d’abord le nom de l’artiste dont l’œuvre est encadrée, et, en dessous, celui de l’autre estampe. On s’interroge sur la raison d’être du fragment, puis germe l’idée qu’il y a un lien à découvrir entre l’œuvre encadrée et ce morceau d’estampe.

Le spectateur tente alors de reconstruire le parcours de l’artiste qui a reçu l’extrait original d’une gravure inconnue et en a fait, chacun à sa manière, le point de départ d’une nouvelle œuvre. La lecture des œuvres devient aussi stimulante que le défi représenté par ce carré dont on devine qu’il a pu susciter, après examen attentif et décryptage technique, perplexité, agacement ou enthousiasme chez le destinataire.

Trois des trente-deux œuvres accrochées (Cl. Josiane Guillet)

Se projeter dans le carré, chercher des indices et des correspondances, mobiliser son énergie créatrice pour être, parfois, entraîné loin des chemins habituels ; chacun des trente-deux artistes a rédigé un texte qui témoigne de son expérience. La Brésilienne Lurdi Blauth, initiatrice du projet, a repris la couleur, abandonnée depuis une décennie, en travaillant à partir de l’extrait de gravure de Dominique Moindraut. L’urubu de Clair de lune de Nara Amélia Melo da Silva entre en résonance avec l’image spéculaire d’Isabel Mouttet. L’estampe de Christine Gendre-Bergère, inspirée par le contexte champêtre d’Arlete Santarosa, dénonce l’usage mortifère des pesticides en détournant un tableau de Courbet. Michèle Atman s’attache au jeu du blanc et du noir de la Brésilienne Clara Bohrer pour exprimer sa propre dialectique du « blancgrisnoir ». Marinês Busetti adopte le carré de Pascale Simonet pour en faire le module de création d’une matrice complexe.

Le flou se dissipe progressivement dans le regard du visiteur, les liens apparaissent, les images se combinent, les synchronies se dévoilent (ou non) et la quatrième de couverture du catalogue, métaphore de la visite, devient alors lisible.

Josiane Guillet

]]>
Métamorphose du vide https://www.vuetlu.manifestampe.net/metamorphose-du-vide/ Sat, 26 Jan 2019 10:51:59 +0000 http://www.vuetlu.manifestampe.net/?p=725 Continuer la lecture de « Métamorphose du vide »

]]>
« La taille d’épargne
Métamorphose du vide »
Exposition de Graver Maintenant
19 janvier – 17 février 2019
Salons d’exposition de l’hôtel de ville
8E av Charles de Gaulle
785170 La Celle Saint-Cloud

Les artistes de l’association Graver Maintenant et leurs invités, dont deux graveurs brésiliens, présentent leurs œuvres dans une exposition consacrée à la taille d’épargne dont le sous-titre ambitieux, «métamorphose du vide», interroge le visiteur. Dans la vaste salle principale d’exposition de l’hôtel de ville de La Celle Saint-Cloud et dans les trois salles adjacentes, chaque artiste bénéficie d’un large espace mural ou volumétrique. Le déploiement des œuvres est servi par une scénographie habile soulignée par un remarquable travail d’éclairage.

Une vue de l’exposition (Cl. Claude Bureau)

La taille d’épargne consistant à creuser la matrice, à retirer de la matière, à créer du vide, quelles métamorphoses du vide l’artiste rend-il sensibles ? Le défi qui est proposé ici est, en somme, l’exploration du vide. «Il me semble toujours que le vide n’existe pas vraiment», dit à sa Mère-grand l’enfant du conte écrit par Michèle Atman en guise de cartel, «si tu fixes attentivement une surface blanche, tu peux y voir une multitude de choses qui n’attendaient, en embuscade, que notre regard pour se révéler».

En est-il ainsi de l’espace blanc flexible contenu entre les deux gravures linéaires de Brigitte Pazot ? Du noir que suggèrent les «Trois-quarts» de Dominique Aliadière ? Du gouffre marin rougi du sang des migrants, dont chaque bouteille en hors-champ contient un message paradoxal, de l’œuvre que signe Ana Sartori ? Des harmonies roses et orangées des estampes sculptures (textiles, papiers, gaufrages) présentées par Marie-Noëlle Deverre ? Des surfaces moirées délimitées par les architectures de Rosa Burdeos ? Ou des cercles bleus de dentelle d’un univers féminin dont la mémoire s’efface doucement, dans le travail de Sophie Domont ?

L’œuvre d’Ana Sartori (Cl. Alain Cazalis)

Mais, revenons à notre conte : «…ce fichu vide, c’est un caméléon qui prend les couleurs ambiantes pour s’y fondre et leurrer son monde». S’il ne s’agit pas toujours d’un leurre, il s’agit pour chaque artiste d’orchestrer une disparition et de jouer sur la rémanence pour mettre au jour ce qui lui importe. Le vestige du panier tressé japonais d’Anne Paulus, les traces du Catalogue des Catalogues de Pascale Simonet, le geste révélateur et la poussière de bois qui «redonnent corps» aux enfants juifs déportés de l’école Vicq d’Azir (Eric Fourmestraux) : autant de signes d’une volonté de sauver de l’anéantissement. Comme la «re-pousse» possible des branches d’Antonio Augusto Bueno, le végétal «barrière à la folie humaine» des estampes d’Isabelle Béraut, les images d’Alain Cazalis qui débordent du cadre pour s’installer en pyramide de boîtes vides et en accumulation de déchets dénonciateurs, le vide se métamorphose en signes pleins porteurs de sens et de messages.

Le catalogue de Pascale Simonet (Cl. Alain Cazalis)

Le visiteur attentif de cette manifestation riche d’œuvres variées, complexes et originales, se trouve confronté à l’un des fondements mystérieux de la création plastique, la question du vide et du plein.

Josiane Guillet

Pour en savoir plus

]]>